Il existe une tendance, majoritairement féminine, qui consiste à se restreindre alimentairement pour donner la priorité à la consommation d’alcool.

L’alcoolorexie se définit par une restriction alimentaire drastique associée à une absorption excessive d’alcool. En d’autres termes, le plaisir de manger est sacrifié pour celui de boire.

Le professeur Laurent Karila, psychiatre addictologue à l’hôpital Paul Brousse de Villejuif et instigateur du podcast « Addiktion », décrit l’alcoolorexie comme un “binge drinking ou en français ‘beuverie express’, correspondant à une ingestion d’alcool rapide et massive, secondée par des pratiques de jeûne intensif”.

Une équation impossible : manger ou boire

L’idée sous-entendue est double : d’une part d’“économiser” les calories en mettant l’accent sur celles apportées par l’alcool à la place de celles fournies par l’alimentation, et d’autre part d’accroître les effets de l’ivresse. Comme le mentionne joliment The Independent, l’alcool est depuis un moment la bête noire de nos régimes alimentaires. Et pour cause : une pinte de bière apporte généralement 197 calories, ce qui équivaut à une portion de pizza. Contrairement à l’approche sensée qui consisterait à modérer la consommation d’alcool et à adopter une alimentation équilibrée, les personnes atteintes d’alcoolorexie optent pour la stratégie contraire, exprimant des impacts extrêmement nocifs pour la santé sur le long terme (déficits nutritifs et risques d’hépatopathie et de cardiopathie).

À l’origine de ce phénomène, on trouve les pressions sociales liées à la minceur comme critère de beauté ultime et l’usage de l’alcool“Il s’agit pour ces jeunes femmes de faire un choix entre manger et boire” synthétise Céline Casse, fondatrice de la plateforme StopTCA, spécialisée dans le traitement des troubles alimentaires. “Dans une société où règne l’obsession de l’apparence, elles agissent de la sorte pour ne pas gagner le moindre gramme. Parfois, elles adoptent également des comportements compensatoires avant ou après la soirée, incluant la prise de laxatifs, des épisodes de purge ou une pratique sportive excessive. Une chose est certaine, que ce soit pour une soirée au restaurant, une descente au pub ou une fête d’anniversaire, on attend d’elles qu’elles boivent.”, témoigne de son côté Ellie McKinnell à The Independent.

Contrairement aux troubles connus comme l’anorexie mentale ou la boulimie, ce dysfonctionnement alimentaire est à peine reconnu par nos organismes de santé. France Terme, une initiative du ministère de la culture offre une définition, mais aucun organisme officiel de santé français n’évoque cette problématique en ligne.

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L’Australie a pris les devants en étant le premier pays – et semble le seul jusqu’à aujourd’hui – à tenter de mesurer l’ampleur du phénomène. Une recherche publiée en 2016 révèle qu’environ 60% des étudiantes ont déjà renoncé à un repas dans le but de ressentir de manière plus prononcée les effets de l’alcool.

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